Prévention de l’usure professionnelle : se former aux méthodes d’analyse du travail et s’enrichir de l’expérience des autres

Publié le 03/11/2016

Cette action collective qui regroupe cinq entreprises de tous secteurs a pour thème « la prévention de l’usure professionnelle ». L’engagement dans ce dispositif a créé une dynamique où chaque structure s’est sentie moins seule face aux défis du « bien vieillir au travail ». Tous les participants se sont rendus compte, quels que soient la structure et le secteur d’activité, que ces enjeux vont devenir centraux dans les années à venir. Le partage des diagnostics et des bonnes pratiques entres participants a nourri une réflexion du groupe sur les possibilités d’agir durablement pour le maintien dans l’emploi.
L’animation de cet atelier par trois organismes institutionnels œuvrant sur le champ de la retraite, de la santé-sécurité au travail et des conditions de travail a apporté aux participants des réponses concrètes et applicables.

Informations sur le cas

PE (20 à <50)
Agriculture

Présentation

Cette entreprise familiale et centenaire est leader international pour la fabrication de céréales soufflées. Elle en attribue la réussite et la longévité à l’engagement des hommes et des femmes dans son fonctionnement. Les indicateurs de santé et d’organisation sont bons. Pas d’accident grave, un taux d’absentéisme plus bas que celui du secteur. Aujourd’hui, l’entreprise maîtrise avec succès l’ensemble de ses enjeux, tant sociaux qu’économiques... Mais demain ?

Demande de l'entreprise

Le contexte actuel de la réforme des retraites, accompagné des dispositifs réglementaires sur l’évaluation et la prévention des facteurs de pénibilité, a conduit la direction et les partenaires sociaux de l’entreprise à s’interroger sur l’évolution des effectifs et à réduire la présence de facteurs d’usure professionnelle. Le constat de l’âge moyen des salariés en augmentation et de la présence de conditions de travail qui pouvaient conduire à une usure professionnelle s’est produit au moment où une action collective sur le thème de l’usure professionnelle s’engageait sur le territoire de l’entreprise. Invitée à y participer et souhaitant progresser sur la question de la prévention de l’usure professionnelle, l’entreprise s’est inscrite dans l’action.

Démarche

Initiée par la CNAV, la CNAM TS et l’Anact dans cinq régions de France, dont PACA, l’action partenariale innovante et expérimentale déployée et animée par les directions retraites et prévention des risques professionnels de la CARSAT SUD-Est et ACT Méditerranée portait sur trois axes : former les participants aux enjeux et aux bonnes pratiques de la prévention de l’usure professionnelle, les outiller pour le diagnostic et promouvoir la conduite d’actions de prévention ou d’anticipation selon les valeurs, concepts et méthodologies portées par les réseaux de la CARSAT et Anact-Aract.

L’entreprise s’est engagée dans cette initiative en mettant en pratique les outils méthodologiques et d’analyse des situations de travail et des effectifs proposés dans le cadre de l’action collective. Les quatre outils étaient : la constitution d’un groupe de travail paritaire interne et le partage des informations, un logiciel d’analyse démographique pour évaluer avec des courbes les caractéristiques des populations au travail, l’outil GPS/ST et la grille d’analyse « bien vieillir au travail » de l’INRS.

L’utilisation des outils de diagnostic et le partage des éléments identifiés comme pouvant être des contraintes à la prévention de l’usure professionnelle ont mis l’éclairage sur des situations de travail sur lesquelles il serait nécessaire d’agir. L’entreprise a identifié des métiers pour lesquels une anticipation de l’évolution de l’âge des effectifs doit être réalisée pour éviter des dysfonctionnements importants à la suite du départ possible en retraite, sur une courte période, de tous les salariés. Enfin l’analyse a fait émerger des postes de travail pour lesquels il est complexe d’agir dans le périmètre de l’entreprise au regard de ses caractéristiques organisationnelles : le processus industriel continu impose un travail en 3 x 8. Le travail de nuit, facteur important d’usure professionnelle ne peut pas ici être supprimé.

Il a également été mis en lumière que l’ensemble des populations au travail est concerné par la prévention de l’usure professionnelle et le maintien dans l’emploi. La promotion de la santé au travail s’organise pour tous, dès l’embauche et quelques soit l’âge en développant les facteurs clés de la réalisation du travail, sources de prévention durable. Constater une inaptitude et tenter d’agir à court terme limitent grandement les possibilités d’agir. L’anticipation, la communication, la mise en discussion du travail concret et l’innovation pour toutes les situations de travail sont apparues comme des moteurs-clés de la réussite.

L’approche globale de l’évaluation des risques d’usure professionnelle, sur les champs de la prévention des risques, de l’ergonomie, de la gestion prévisionnelle des emplois et carrières et des risques psycho-sociaux a permis d’élaborer un plan d’actions qui aura des effets sur ces éléments techniques, organisationnels et humains en priorisant la prévention puis la protection.
L’entreprise a aussi organisé ses leviers d’action en fonction de la temporalité de ses projets et des marges de manœuvre possibles :
- des actions immédiates ont été mises en place, comme l’information retraite aux salariés ou l’aménagement des postes de travail les plus sollicitants physiquement ;
- des actions à court et moyen termes ont été identifiées et seront suivies comme l’automatisation d’un certain nombre de postes très sollicitants qui sera accompagnée par la formation des opérateurs à la conduite d’installations automatisées ;
- une réflexion sur les possibilités d’agir en dehors du périmètre de l’entreprise en évaluant et structurant les possibilités de passerelles professionnelles intra ou intersectorielles.

Bilan

« L’expérience, l’ancienneté et la fidélité des salariés sont perçus comme une force dans notre entreprise. Pour qu’elles continuent à l’être jusqu’au départ en retraite des salariés, le diagnostic des facteurs d’usure professionnelle et leur prévention ainsi que l’anticipation de l’évolution des caractéristiques des effectifs doivent intervenir très tôt et pour tous les salariés ». Cette conclusion fût celle de l’entreprise à l’issue de l’action collective. Elle résume remarquablement à la fois la nécessité d’une approche globale et pour tous des enjeux de la prévention de l’usure professionnelle. Les leviers de prévention sont tout aussi globaux et doivent être mis très tôt en place dans l’entreprise pour ne pas avoir à gérer, au cas par cas des situations parfois insolubles quand l’usure professionnelle s’est installée.
Pouvoir engager cette réflexion dans l’entreprise, c’est détenir assez d’informations sur les causes, les conséquences et les moyens d’agir pour la promotion du bien vieillir au travail.

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