Publié le 20/06/2022

SQVT 2022 – En quête de sens

Management 3.0 et QVT

Edito : Yves-Michel Nalbandian 

Juin 2022

Cette thématique « En quête de sens » n'a pas été choisie par hasard par le réseau Anact-Aract, pour la Semaine de la Qualité de Vie au Travail 2022.

 

Les conséquences de la crise sanitaire que nous connaissons depuis plus de 2 ans mais également les impacts du contexte international 2022 sur le fonctionnement des organisations, se font très concrètement sentir au quotidien.

Cette période de grands bouleversements pour les organisations mais également pour chaque individu a replacé au centre des intérêts de chacun, le sens du travail.

Notamment pour les individus qui ont connu le chômage partiel et imposé ou le télétravail obligatoire à domicile pendant les différents confinements.

Si demain, l'organisation n'a plus besoin de moi pour continuer à fonctionner, alors quel est le sens de mon travail ? Quelle est mon utilité par rapport cette entreprise ? Et au final, quelle est ma place dans cette société ?

Ces bouleversements affectent profondément plusieurs dimensions :

  • les comportements des salariés/agents,
  • les modalités de régulation dans le dialogue social par exemple,
  • l’organisation du travail (avec un mode hybride, mêlant présentiel et distanciel),
  • les compétences à mobiliser.
  • les formes de management.

Sur ce dernier point en particulier, il me semble que l’on assiste à une accélération brutale dans la nécessité d’adapter, pour les managers, leurs manières de faire, d’organiser, de réguler et de coordonner leurs équipes. La posture du manager dans ce contexte doit se réinventer ou en tout cas, se remodeler.

Ces tendances existaient et l’on pouvait clairement percevoir que le mode de management 1.0 centré sur une position hiérarchique, acquise par un diplôme ou un concours et reposant sur une posture d’autorité, était mis à mal.

Cela se sentait dans les relations avec les générations récemment entrées sur le marché du travail, qui ne se reconnaissent pas dans ce type de management, de relation. Ce mode n’est plus adapté à un environnement mouvant, instable et incertain, où la capacité d’adaptation (et d’adaptation rapide) au plan individuel comme au plan collectif, est essentielle.

Il y a eu bien sûr, cette évolution largement diffusée dans les années 90 et 2000 du mode de management participatif. Mais dans une majorité des situations de management, il nous semble que cette soi-disante évolution était en fait qu’un habillage de la précédente.

En faisant participer à la réflexion, parfois à la décision les collaborateurs, il s’agissait le plus souvent pour le manager de faire « passer » ses propres décisions ou de relayer les décisions prises par une Direction Générale. Cela a contribué à créer les tensions et les crises des années 2000-2010, en accompagnant de manière très maladroite les réorganisations successives, par exemple. La flambée des RPS que nous avons connue, et que nous continuons à connaitre, est une des conséquences les plus évidentes, avec son cortège de drames humains.

L’enjeu en 2022, n’est plus d’essayer d’assainir un mode de management 2.0 au regard des défis auxquels nous sommes confrontés. L’enjeu qui doit nous mobiliser aujourd’hui et dans les prochaines années, est de mettre en place dans les organisations privées, publiques, grandes et petites, une forme de management qui puisse répondre aux aspirations d’autonomie, de responsabilité des salariés/agents et qui puisse prendre en compte les transformations organisationnelles puissantes que nous vivons.

L’enjeu est de déployer à grande échelle, un mode de management 3.0 centré sur la coopération et la collaboration. Une posture managériale qui place le manager au centre de son équipe et non plus au-dessus. Un mode de management qui s’appuie sur la compétence et non plus sur la seule possession d’un diplôme ou d’un titre

Dans ce mode 3.0, le manager est une ressource, un facilitateur pour l’équipe, un référent pour le collectif, pour aider à échanger, coopérer, collaborer, élaborer de nouvelles manières de faire, de produire.

Cette posture vise à développer l’autonomie et la responsabilité des collaborateurs tout en assurant une capacité de régulation (ce qui manque le plus aujourd’hui).

Sans régulation, sans proximité avec les collaborateurs, les attentes en termes de développement de l’autonomie et de la responsabilité sont vaines. Pire, elles débouchent toujours sur des difficultés majeures dans la gestion de la charge de travail (parce qu’on laisse les collaborateurs se « débrouiller » avec celle-ci, faire « comme ils peuvent ») et dans les relations au travail (parce que cela crée mécaniquement des tensions entre les collaborateurs eux-mêmes et avec leur manager).

Dans un management 3.0, le manager cherche à développer les compétences des membres de son équipe, incite ses collaborateurs à améliorer le fonctionnement du service, de l’atelier. Ce faisant, cela contribue à construire des solidarités internes (plutôt qu’à exacerber les tensions, à mettre en concurrence les salariés/agents entre eux), à dynamiser le fonctionnement du collectif de travail, initier de nouvelles idées, générer un esprit de challenge, développer la créativité.

Pour terminer mon propos sur cette SQVT 2022 « En quête de sens », la question du management est centrale pour accompagner ces transformations et s'adapter aux nouvelles aspirations des individus, dans un contexte mouvant. 

Aller vers un management 3.0 est la condition impérative pour mettre en œuvre au sein des organisations, les démarches nécessaires d’innovation (produits, marchés, process, services), de remise en cause des modes de fonctionnement, contrer les tensions inertielles et permettre à toutes et à tous de se réaliser dans le travail.

En accélérant la mutation managériale, nous pourrons redonner du sens au travail en rendant les salariés/agents acteurs des mutations qui sont en cours.

Pouvons-nous faire autrement ?

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